MÉMOIRE DE MASTER des ARTS et TECHNIQUES du THEATRE - ENSATT 2017 – 2018

D’un roman de Ballard au délaissé des autoroutes se trace un itinéraire labyrinthique où fiction et réel s’entrecroisent. Scénographier devient alors la combinaison d’une architecture et d’un texte, des corps et de leurs lieux d’errances. Avec la minutie de l’imaginaire et emportés par la litanie des moteurs accélérant sur les bretelles de l’échangeur, on entre sauvagement dans un territoire cartographié. Corps et machineries, actions et dispositifs, au contact du regard d’un public imaginaire, activent ainsi un théâtre en devenir.

Un travail de recherche a été entrepris et suivi tout au long de ma troisième année à l’ENSATT, avec un groupe de comédien.ne.s, en extérieur, sur le délaissé d’autoroute, mais aussi en salle. Une dernière journée de travail a donné lieu, sur le site de la recherche lui-même, à un court-métrage improvisé tourné par Vincent Jondeau.                   

 Ce court-métrage est disponible ici :

https://vimeo.com/293125612 (password, si demandé : jane)

Distribution (jeu) : Fanny Carrière ; Dimitri Kamenka; Arthur Amouroux
Mise en scène / Scénographie : Rudy Gardet et Léna Guénin
Réalisation Vidéo / Post-production : Vincent Jondeau
Son : Élina Nigil

Mémoire disponible au téléchargement ICI :

  Rendu Mémoire Recherche et création 2017-2018 – Rudy Gardet – L’ile de béton

 

 

« C’était une gauchiste ou pseudo freak typique, mais l’impression était démentie aussitôt par la collection de fards et de parfums, la coiffure de racoleuse, les vêtements criards sur le couvercle de la valise, tout l’attirail d’une fille de rue »

Autant de parfums, de bouteilles de bordeaux, de résidus de maquillages, plumes, menottes, paillettes sacs, éventails et Infortunes de la Vertu,  trouvés par prélèvement autours du site, le long des routes et érigés en accessoires ready-made.

 

« Tout ces lieux de torture se confondaient avec des morceaux de lui-même.

Il leur fit des gestes, il aurait voulu faire le tour de l’ile pour laisser ces morceaux à chaque endroit convenable.

Il aurait laissé sa jambe droite juste sur le lieu de l’accident, ses mains, il les aurait empalés sur la grille.

Il déposerait sa poitrine là-haut sur le mur de ciment où il s’était assis.

En chaque point, il faudrait un petit rituel pour manifester le transfert d’obligations ; il abandonnait ses responsabilités, à l’ile de s’en charger. »

L’ile de béton, J.G.Ballard

 

« Il échappe aux classements sociologiques puisqu’il est dans une situation d’entre-deux ;

il est mort au monde des vivants, et nombre de rituels assimilent ces novices aux esprits et aux revenants ;

leur invisibilité sociale peut-être marquée par la perte du nom, par l’enlèvement des vêtements, insignes et autres signes de leur premier statut ;

[…] parfois ils sont traités comme des embryons dans l’utérus, comme des nouveau-nés, des nourrissons à la mamelle. »

SEGALEN, Martine, Rites et rituels contemporains

 

10 juin 2019